La Directive européenne sur la publication d'informations en matière de durabilité des entreprises (CSRD), entrée en vigueur le 1er janvier 2024, vise à accroître la transparence et la comparabilité des informations extra-financières publiées par les entreprises, et en particulier celles liées à la biodiversité. Considérée comme un levier pour inciter les entreprises à prendre en compte la biodiversité dans leurs décisions et à adopter des pratiques plus durables, cette directive comporte cependant des obligations qu'il convient de maîtriser. Nous vous les présentons dans cet article, accompagnées des solutions et opportunités entrevues pour les entreprises.
Les enjeux de la CSRD pour la biodiversité
La perte de biodiversité est l'un des défis majeurs auxquels notre planète est confrontée aujourd'hui. Les activités humaines, y compris celles des entreprises, ont un impact négatif sur la biodiversité.
La CSRD s'inscrit comme un outil essentiel pour enrayer cette tendance en incitant les entreprises à :
Mesurer et comprendre leurs impacts sur la biodiversité.
Mettre en place des actions concrètes pour réduire ces impacts.
Contribuer à la restauration des écosystèmes.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter nos articles consacrés à la CSRD et son application en France et comment la directive CSRD peut être saisie par les TPE/PME en tant qu'outil stratégique de développement durable.
Les obligations de la CSRD en matière de biodiversité
La CSRD impose aux entreprises de plus de 500 salariés en 2024 et de 250 salariés à partir de 2025, de publier les informations relatives à leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), selon un certain nombre de normes européennes en matière de reporting, appelées les ESRS (European Sustainability Reporting Standards).
La biodiversité est principalement concernée par la norme ESRS E4 : Biodiversité et écosystèmes. Cet ESRS vise à harmoniser les indicateurs et les méthodologies de reporting sur les impacts et les dépendances des entreprises vis-à-vis de la biodiversité et des écosystèmes.
Il s'inspire du cadre "Task Force on Nature-related Financial Disclosures" (TNFD) et s'aligne sur les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020.
Parmi les informations à rendre publiques figurent :
L'impact de l'entreprise sur la biodiversité, incluant :
L'utilisation des ressources naturelles (eau, air, sol…) ;
La pollution (émissions de gaz à effet de serre, pollution des sols et des eaux…) ;
La fragmentation des habitats ;
La perte d'espèces.
Les risques et dépendances liés à la biodiversité pour l'entreprise, tels que :
Les risques liés aux changements climatiques ;
Les risques liés à la pénurie d'eau ;
Les risques liés à la perte de pollinisateurs ;
Les risques liés à la dégradation des sols.
Les mesures prises par l'entreprise pour prévenir et atténuer ses impacts négatifs sur la biodiversité et pour contribuer à la restauration de la biodiversité, telles que :
La mise en place d'une politique de biodiversité ;
La réalisation d'un bilan de biodiversité ;
La définition d'objectifs et d'actions concrètes ;
La mise en place d'un système de suivi et de reporting ;
La collaboration avec des parties prenantes.
D'autres ESRS peuvent également être pertinents pour la biodiversité.
Citons par exemple :
La norme ESRS E2, qui aborde les risques climatiques et leurs impacts sur la biodiversité. Les entreprises doivent donc communiquer sur leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs actions pour lutter contre le changement climatique.
La norme ESRS S2 sur l'impact des conditions de travail sur la biodiversité (dans le cas des activités agricoles ou forestières par exemple). Les entreprises doivent donc partager des informations sur leurs pratiques en matière de conditions de travail.
La norme ESRS G2 concernant le rôle important de la gouvernance d'entreprise dans la gestion des impacts des entreprises sur la biodiversité, notamment en matière de durabilité.
Les obligations de la CSRD en matière de biodiversité sont donc nombreuses, mais il existe des solutions pour y répondre.
Les solutions pour répondre aux obligations de la CSRD
Pour satisfaire les exigences de la CSRD en matière de biodiversité, les entreprises peuvent mettre en place un certain nombre de solutions. En voici les principales :
Réaliser un bilan de biodiversité pour identifier et évaluer ses impacts sur la biodiversité.
Définir des objectifs et des actions pour prévenir et atténuer ses impacts négatifs sur la biodiversité et pour contribuer à la restauration de la biodiversité.
Mettre en place un système de suivi et de reporting pour mesurer l'efficacité de ses actions en matière de biodiversité.
Dialoguer avec ses parties prenantes sur ses impacts et ses actions en matière de biodiversité.
Dès maintenant, et ce, quelle que soit leur taille, les entreprises peuvent commencer à se préparer à la CSRD par les actions suivantes :
Identifier les informations à communiquer.
Mettre en place un système de collecte et de reporting de ces informations.
Dialoguer avec leurs parties prenantes sur leurs impacts et leurs actions en matière de biodiversité.
Les défis et opportunités de la CSRD
La mise en œuvre de la CSRD représente un défi pour les entreprises, mais elle est aussi une opportunité pour celles s'y employant.
Les défis CSRD à relever
Nous avons détecté trois défis majeurs :
Le manque de données et d'outils
Les entreprises peuvent rencontrer des difficultés à collecter et à analyser les données nécessaires pour mesurer leurs impacts sur la biodiversité. Il existe également un manque d'outils et de méthodologies standardisées pour évaluer et rapporter ces impacts. Un modèle comme Globio peut apporter une réponse.
Les coûts de mise en œuvre
La mise en place d'une stratégie de gestion de la biodiversité peut s'avérer coûteuse pour les entreprises, en particulier pour les petites et moyennes entreprises.
Le changement de culture
La prise en compte de la biodiversité nécessite un changement de culture au sein des entreprises, avec une implication de tous les niveaux de décision.
Les opportunités apportées par la CSRD
Amélioration de la performance environnementale et réduction des risques
En prenant en compte la biodiversité, les entreprises peuvent réduire leurs impacts négatifs sur l'environnement et ainsi diminuer leurs risques financiers et opérationnels.
Renforcement de l'image et de la réputation
Les consommateurs et les investisseurs sont de plus en plus sensibles aux questions de durabilité. En s'engageant en faveur de la biodiversité, les entreprises peuvent renforcer leur image et leur réputation auprès de ces parties prenantes.
Développement de nouveaux produits et services
La prise en compte de la biodiversité peut stimuler l'innovation et le développement de nouveaux produits et services durables.
Accès à de nouveaux marchés
La transition vers une économie plus durable ouvre de nouvelles opportunités de marché pour les entreprises qui s'engagent en faveur de la biodiversité.
L'appel à l'action de Foresteam
Nous souhaitons terminer cet article par un appel à l'action concret à destination de toutes les parties prenantes. Car, rappelons-le, la réussite de la CSRD dépendra de la collaboration de tous les acteurs : entreprises, investisseurs, citoyens et pouvoirs publics !
Notre appel à l'action aux entreprises :
Commencez dès maintenant à vous préparer à la CSRD en identifiant les informations à publier et en mettant en place un système de collecte et de reporting de ces informations.
Dialoguez avec vos parties prenantes sur vos impacts et vos actions en matière de biodiversité.
Intégrez la biodiversité dans votre stratégie d'entreprise et mettez en place des actions concrètes pour réduire vos impacts négatifs et contribuer à la restauration de la biodiversité.
Notre appel à l'action aux investisseurs :
Intégrez les critères ESG dans vos décisions d'investissement.
Encouragez les entreprises dans lesquelles vous investissez à s'engager en faveur de la biodiversité.
Utilisez votre influence pour promouvoir des pratiques commerciales plus durables.
Notre appel à l'action aux citoyens :
Demandez aux entreprises de s'engager en faveur de la biodiversité et exigez des informations transparentes sur leurs impacts et leurs actions.
Faites vos choix de consommation en privilégiant les produits et services durables.
Engagez-vous dans des actions locales pour protéger la biodiversité.
Nous avons donc vu à quel point la CSRD peut être un outil important pour la protection de la biodiversité. En s'y conformant et en allant au-delà des exigences minimales, les entreprises vont contribuer à un avenir plus durable pour tous.
En plus des points déjà évoqués, il est important de souligner que la CSRD est un processus évolutif. La Commission européenne prévoit de réviser la directive régulièrement pour tenir compte des nouveaux enjeux et des meilleures pratiques en matière de reporting sur la durabilité.
Mais notez également que la CSRD ne se substitue pas à d'autres réglementations en matière de protection de la biodiversité. Les entreprises doivent continuer à respecter les lois et réglementations en vigueur dans leur pays !
Pour vous faire accompagner, contactez l'équipe Foresteam !
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